Un fort en forme d’étoile. Pour mémoire la gloire des fortifications de la Renaissance
L’enceinte circulaire passive qui dominait l’architecture militaire au Moyen Âge s’avérait vulnérable aux tirs de canon effectués de but en blanc. La forteresse bastionnée, au contraire, était un ouvrage bas sur l’horizon, formé de murs de revêtement à pans inclinés enserrant des bastions d’où l’assaillant pouvait être bombardé, lorsqu’il installait ses batteries, et, surtout, permettant le flanquement parfait des abords de l’enceinte. Avec ce système, il devenait très difficile de poster des canons frappant perpendiculairement la muraille : les boulets étaient déviés à l’impact, perdant une partie de leur énergie cinétique ; en outre, les défenseurs des bastions se couvraient les uns les autres, et pouvaient mieux viser les fossés. De nouveaux éléments architecturaux comme la demi-lune, l’ouvrage à cornes ou la contrescarpe, ainsi que les redoutes furent adjoints peu à peu à la conception initiale, donnant naissance à des structures symétriques complexes qui façonnèrent l’urbanisme de plusieurs villes européennes à l’époque moderne.
Cette mutation de l’architecture militaire prit naissance principalement en réaction aux multiples intrusions des Français dans la péninsule italienne. Dotée d’une artillerie considérable et moderne, l’armée des rois des France disposait à la fois de canons et de bombardes capables de détruire en l’espace de quelques jours des fortifications dont l’édification avait nécessité des années durant le Moyen Âge.